Je vous salue frères de Casa Je vous présente la fête des Gnaouas Leurs instruments et leur belle musique d’autrefois Hommes libres d’hier, ils sont devenus esclaves du roi! Enlevés, utilisés comme porteurs, Nous vivions dans une éternelle torpeur Séparés de nos frères et sœurs Séparés de nos familles Éloignés de nos villes! Privés d’une vie digne et isolés La vie ne vaut rien sans dignité. Ah ! Si seulement ils nous ont laissé chez nous ! Ils ont fait de nous des esclaves et des fous Nous avons porté des fardeaux D'un pays à l’autre, sur des radeaux! Avec nos épaules, ils ont bâti des forteresses Aucun homme ne devrait agir ainsi avec bassesse Si je commençais à parler de mon endurance, Et à raconter toutes mes souffrances, Par où commencer ? Par où finir ? Quel silence ! Nous sommes des esclaves nés Pieds et poings liés La langue réduite au silence Torturés, asservis dans l’intolérance Brûlés à vif dans une douleur atroce! La fête des cieux est parmi toute, la plus étoilée Que la poésie et le rappel de l’histoire erronée, Histoire qui rabaisse l’être humain, Qui a créé l’esclavage inhumain! Le baisemain et l’allégeance forcée Qui oblige à appeler « Seigneur adoré» Celui qui est « Indésiré » Par le peuple opprimé!
Krim Ama (Inspiration: chanteur berbère Marocain: YUBA)
La femme est l’éternelle perdante au jeu de l’amour et de la vie. Mais l’ordre ancien est détruit, l’ordre nouveau se penche encore
et dans une société qui n’est ni traditionnelle, ni occidentale, ni orientale. La femme est au centre de tous les bouleversements.
Elle aspire désormais à assumer ses responsabilités et ses droits
et c’est un cri de révolte que lance NOUARA dans : 1/TECHNAM Vous avez tous chanté ma beauté, Chanté aussi ma bonne civilité Nul, ne s’est souvenu de mes droits Suis considérée comme bétail sans foi Maintenant que s’ouvrent mes yeux Je demande justice, c’est mon vœu Je me dis que ma vie est errante, Je devins comme une passante, Vous ne pensez qu’à vous assouvir, Quand il s’agit de vous servir. Jusqu'à quand cela durera-t-il ? Quand mon soleil se lèvera-t-il ? Jusqu'à quand l’injustice sera-t-elle éloignée ? Quand viendront les lendemains heureux ? Quand donc parlera la vérité ? Quand sortirai-je de ce trou hideux ?
https://youtu.be/uXIe3s3PMdE
2/THAKEMMICHT Mais je détiens toujours son âme éternelle En quelque lieu que tu sois, maintenant, Jamais, je n’accepterais son extinction, Si étrange que soit ta langue maternelle Tu auras ta part en héritage Tu laisseras une belle image!
https://youtu.be/GDE51UDBK3I
LA VIE MALHEUREUSE DE NOUARA Dans son groupe d'origine, les hiérarchies sont clairement définies :
une fille abandonnée d’abord par son père puis par sa mère
alors qu’elle était encore enfant n'a pas la même position sociale
(c'est le cas de l'auteur) qu'une fille qui a un père.
Ce thème revient comme un leit-motiv dans ses vers : Père, tu m'as reniée Comme si je n'étais pas ta fille aînée Mère, de moi, tu t'es déchargée Tu n'as laissé aucune lignée Je ne connaissais pas encore mon passé Lorsque vous m'avez abandonnée. Vous m'avez laissé dans la souffrance Alors que j'étais dans l'innocence Votre cœur n'a pas de ferveur Vous n'aviez pas peur du Seigneur Je sais que ma complainte est indigne Puisque je suis de votre ligne Vous m'avez laissé orpheline. À ce handicap de départ s'en ajoute un autre : elle n'a pas d'enfant.
Nouara le vit comme une injustice, une soumission aux aléas du destin.
Elle fait parler les autres femmes qui, directement ou indirectement,
la qualifiaient d'arbre desséché, de bouc solitaire,
lorsqu’elle se rendait à la fontaine (tala) ou aux champs (lexla).
Même si Nouara vit en France, sa vision est restée
celle d'une femme kabyle n'aspirant qu'à répondre
à son devoir de femme et d'épouse accomplie.
Plus d'une dizaine de poèmes sont consacrés à ce thème.
En voici un extrait : Si j'avais un enfant Ce serait un jardin de bonheur Je lui ferais une maison Et je n'aurais point de pleurs Il égayerait mon cœur et ma passion Mais la chance m'a vouée à l'abandon. Elle s'en est allée Et a effacé tout le passé. Si je n'étais pas stérile et infécond Je ne divorcerais pas autant Et ne me séparerais Jamais de mon bien-aimé. J'aurais fondé un nid d'amours et de satin ce n'est point de ma faute, mon divin Car traître est mon destin. L'autre point nodal de sa vie concerne sa relation avec les hommes
qui ne peuvent être ici que des maris le plus souvent imposés :
J’eus un mariage forcé Tel est mon destin tracé Sept ans après le mariage La vie est pour nous, un carnage Amère et sans ménages. Dans l'émigration, où le groupe se transforme tout en gardant
les mêmes moyens de contrôle que dans la société traditionnelle,
Nouara aura à se situer par rapport aux différents maris (elle s'est mariée 5 fois) : J'ai voulu rencontrer L'âme sœur et l’aimer Et vivre avec elle, en gaieté Mais j'ai échoué Et tout s'est écroulé Emportant mes espoirs, mes chimères La vie m'a joué un mauvais tour, c’est l’enfer. https://youtu.be/K5vnlm5Bfh4 https://poesieaa.blogspot.com/2018/12/14cla-malheureuse-vie-de-nouara.html
Quel que soit le point de la course où le terme
m'atteindra, Je partirai avec la certitude chevillée que Quels que soient les
obstacles que l'histoire lui apportera. C'est dans le sens de sa libération que
mon peuple - Et avec lui les autres - ira. L'ignorance, les préjugés,
l'inculture peuvent Un instant entraver ce libre mouvement. Mais il est sûr que
le jour inévitablement viendra Où l'on distinguera la vérité de ses faux-semblants. Tout le reste est littérature. Mouloud MAMMERI Lmulud At Mɛammar
Poète: L'hiver dément a déjà commencé sa saison J'ai préparé bois et provisions À tout le monde j'ai fait dire sans raison Que tous ces mois j'allais faire une mission Comme si je n'y avais rien à faire, sans passion. Hiver : Je vais faire tomber la neige Qui bloquera ta porte en liège Tu seras contraint de tuer tes bêtes Le couteau aura fort à faire aux têtes. Poète : Je fuirai à Aghenjour Où le soleil brille tous les jours À mesure que ta neige tombera Elle fondera au sol et coulera. Hiver : Oeil de bouc, tu es de ceux qui ruinent tout Ton père que tu as laissé malade, malgré tout Chaque jour s'inquiète et devient fou Ta mère se nourrit de feuilles de chou Toute couverte de cautères au coin doux. Poète : Je vais m'installer à Alger Près de la porte d'entrée À demeure comme l'agneau dans la bergerie J'aurai de l'argent fou par loterie À mon retour, nous ferons beaucoup de potage Et nos maladies guériront par mirage. Hiver : Pourquoi crois-tu que je t'ai préparé l'Isser Qui a rongé les angles de toutes les rivières Il se dressera devant toi comme un mur en béton Tu pourras toujours aboyer devant. Poète : Tel l'aigle, les querelles mesquines ne m'atteignent pas La rivière, j'attendrai qu'elle baisse à son niveau bas Que toutes ses sources tarissent profondément En avril, je me mettrai en route proprement Quand le soleil sera haut dans le ciel éblouissant Ce sera l'été, je traverserai la rivière fièrement Que pourra-t-elle faire la pauvre, autrement. Hiver : Où je vois que tu es vain, que tu bâtis sur des ruines Tu n'as droit qu'à trois mois après tant d'amertume Comme ma quinte niée avril chaud viendra sans rancune Tu iras à Boujellil y compter tes plumes. Inspiré des « Poèmes kabyles anciens » de Mouloud Mammeri (Dda Lmulud) première moitié du XIX siècle. Amedyaz : Ccetwa ur nesi laqel atstsa tebda-d s tura Heggagh tamict d uzeqqur aggnegh i medden ttamma Agguren ag ' ar nestamel ur degsen telli lxedma Ccetwa : Nek ad ak-d ghed'legh adfel ara-k ireglen tabburt Lmal ik ad ak-t nghegh attayu txeddem tefrut Amedyaz : Ad am rewlegh s Aghenjur' anida-d cer'r'eq tafukt Adefl im m' aa-d ighelli ad am t-tessebla akw tmurt Ccetwa : A tit' uh'uli t-timital ik i-ts-ixellun Babak n-teg'g'id' yud'en kulyum haat deg wnezgum Yemma la tmegger mejjir haats s tiqqad gher lkanun Amedyaz : Ad r'uh'egh ar Ledzdzayer tamurt m Bab Aazzun An-n-ttekkigh am mizimer adrim annaabb' i wserdun A-d nawed' anketter' megzer Ayen deg ud'nen ad h'lun Ccetwa : Iwimi-k heggagh Yesser ic'c'an i tghezz ' akw leqrun A-k ismar'r'ed' am memeder sseglaf din am meqjun Amedyaz : Nek ay lligh d igider ur tstsekkigh deg at t't'nun Asif annerg' ' ard izzer ard as qqaren akw layun Mi d yebrir annembwiwel it'ij ibded ghef leqrun Anebdu a-t id nezger acu mi yezmer umeghbun Ccetwa : Anida kem jer'r'begh texlid f lehdem i tebnid' llsas Ma d kem telt cchur' i tlid' tezgid' felli d axemmas A-d-yawed' yebrir uqsih' awed' gher Bujlil tint'as https://poesieaa.blogspot.com/2018/11/161cle-poete-et-lhiver-mouloud-mammeri.html
C'est ainsi que j'ai fait la connaissance avec la morale et le rêve.
J'ai vu le juste et le méchant, le puissant et le faible, Le rusé et le simple.
Ma tante pouvait me faire rire ou pleurer.
Certes je n'aurais jamais compati d'aussi bon cœur A un vrai malheur familial. Le destin de mes héros ne me préoccupait davantage Que les soucis de mes parents.
Tout cela parce que ma tante s'y laissait Prendre elle-même.
A l'entendre raconter, on sentait qu'elle croyait A ce qu'elle disait.